Vous savez quoi ? J’aime, et je n’aime pas trop le look de cet hôtel Rosalie qui vient d’ouvrir à Paris 13. Et pourtant, je vous en parle. En effet, il se pourrait bien que l’esprit année 80/90 soit dans l’air du temps. Cela n’est pas pour me déplaire …ou me plaire. Enfin, comme je vous le disais, je ne sais pas trop. Dans tous les cas, cela m’interpelle et me donne quelques idées déco. Vous me direz ce que vous pensez de ce mélange design. Ce qui est certain, c’est qu’avec cette rénovation, l’architecte Marion Mailaender bouscule le standard 4 étoiles parisien moyen, en même temps qu’elle sort des sentiers battus.
On doit à Marion Mailaender le succès de l’hôtel Tuba Club à Marseille, ouvert en 2020, dont je vous ai parlé dernièrement dans ma sélection d’hôtels solaires, hôtels du sud. J’avais accroché sur l’esprit un peu décalé du Tuba club, esprit que j’ai retrouvé dans cette nouvelle réalisation, sans faire le lien tout de suite. Donc, là, elle signe la rénovation de ce lieu pour Joris Bruneel et le challenge n’était pas mince.
Le bâtiment, situé à une centaine de mètres de la place d’Italie (pas le quartier le plus glamour de notre capital, si je puis me permettre) a été édifié à la fin des années 90 et laissé plus ou moins à l’abandon.
Désormais, il accueille un pimpant hôtel de 60 chambres avec une terrasse à deux niveaux et un rooftop, offrant une vue incroyable sur les plus célèbres monuments parisiens.
Autres inspirations
Télescopage des styles et des références
Le propriétaire voulait en faire un havre de paix au cœur de la cité, idée vue et revue. Ce qui est intéressant dans ce projet est que Marion Mailaender n’a pas essayé d’en faire quelque chose de « joli », dans la tendance « campagne à la ville ». Au contraire, elle s’est appuyée sur l’existant pour inscrire son travail. Plutôt que de faire table rase comme c’est souvent le cas dans des projets d’hôtellerie, elle s’est adaptée au contexte, tout en restant ancré dans l’air du temps.
Du coup, comme le contexte n’est pas ce que l’on peut appeler « glamour », cela donne quelque chose de particulier, un mélange des genres qui me rappellent les années 80/90, bien que cela soit un peu plus que cela. On réinterprète toujours le passé, n’est-ce pas ?
Réflexion sur les années 90
Pour moi, les années 80/90 sont synonymes de miroirs et de baguettes en laiton, de terrazzo et faux marbre, et aussi de travertin, de tissus texturé ou sergé. C’est le début de la flambée du mélaminé, des meubles en métal tubulaires à assembler, et de l’imprégnation encore du mouvement Memphis. Nous étions dans la prodigalité, le bling bling, le fun. Nous étions dans l’accélération de la surconsommation « pas chère », en même temps que surgissait un goût pour un certain minimalisme, entendez sans fard, mais pas encore scandi.
Nous retrouvons de cela dans ce décor, mais avec une vision d’aujourd’hui, et surtout une volonté écoresponsable. Changement de temps, changement d’esprit, tous les matériaux ont été choisis pour leur valeur esthétique et environnementale. Comme quoi même un look 80/90 peut être « green » et design.
Des aménagement extérieurs comme un cadre de cinéma
Que je vous parle un peu des extérieurs, parce que l’approche est aussi dans le télescopage. Des statues de style romain contemplent un édifice qui pourrait être un immeuble de bureaux de la fin des années 90, flanqué d’une vieille Peugeot 205, abandonnée sur le toit, avec des treillis bleus pétant !
La conception du jardin est signée par le collectif parisien de jardinage urbain Merci Raymond. L’idée était de donner l’impression que les espaces extérieurs de l’hôtel étaient « envahis par la végétation ». Bruneel a été particulièrement influencé par le travail du photographe Romain Chancel qui collectionne à travers son projet Urbex, des lieux abonnés à la végétation. Si vous ne suivez pas son compte, je vous le conseille.
Alors, est-ce que vous aimez ? Oui ? non ? Vous avez le droit, comme moi, d’aimer sans trop aimer. Car avouons-le, le style des années 80/90, ce n’est pas le style plus beau de tous les temps ! Je joue la carte nostalgie, mais déjà à l’époque, je n’étais pas convaincue. C’est sans doute pour cela que je dis que j’aime sans aimer.
Il y a ce côté moche et ce côté fun que je trouve malgré tout, intéressant si on veut donner un peu de piment à son décor (voir ou revoir Qu’est-ce qu’une déco moche ?). Cela dit, nous nous habituons à tout et dites-vous bien que vous allez revenir sur les années 80/90 sans vous en rendre compte. Affaire à suivre…
8 Bis Av. de la Sœur Rosalie – 75013 Paris
01 43 36 62 00
Claire
21 septembre
Il y a des choses intéressantes mais l’ensemble me paraît cheap. Notamment le comptoir d’accueil en contre-plaqué bien nineties ^^
Clémence
21 septembre
Bonjour Claire,
C’est le côté « année 90 ». J’ai repensé à cette période. Il y avait des intérieurs de luxe dans les années 90, mais dans le versant grand public, ce sont les premiers meubles en mélaminé, faux bois qui étaient assez massifs et moches.
Ça fait cheap, je suis d’accord, mais cela me fait sourire. Le mauvais goût de la chose ! Et le mauvais goût m’intéresse toujours, un peu comme Jean-Paul Gaultier dans les années 90 !
Entre nous, je pense aussi, que cet hôtel, derrière la place d’Italie ne va pas attirer la clientèle la plus glamour de la capitale !
Belle journée à toi,
Clémence