Avez-vous remarqué qu’en ce moment, les couleurs s’invitent en modules et en aplats colorés, un peu partout en déco ? C’est contraire aux règles basiques de la couleur en décoration qui conseillent en général, pas plus de trois couleurs par pièce. Néanmoins, les règles ne sont-elles pas faites pour être bousculées ? En tant qu’élément « turbulent », je ne serais pas la dernière à vous affirmer que « oui ». Il n’en reste pas moins, qu’utiliser plus de trois couleurs dans son décor restent une entreprise délicate qui demande de maîtriser les règles de base. Je vous propose à travers quelques exemples colorés de faire le tour de la question.
La couleur se fait toujours assez distraite dans la plupart des décors. Elle laisse le plus souvent place au blanc, aux beiges ou aux gris, parfois elle fonce, mais reste neutre et contenue. Si elle prend des allures plus vives et plus osées, comme du terracotta, elle s’uniformise et on l’utilise avec sagesse. On l’applique sur un mur, deux murs, voire le plafond, mais cela reste assez classique.
Ainsi, les couleurs vives sont la plupart du temps utilisées en couleur accent, par touche. La slow decoration ou le style minimaliste sont passés par là, et même si j’adore les intérieurs « neutres » et « blush », j’adore tout autant les intérieurs qui jouent de la palette infinie des couleurs.
Autres inspirations
La penthouse de Roksanda Ilincic à King’s Cross – Photo : Michael Sinclair et stylisme : Olivia Gregory via harpersbazaar.com
La règle des trois couleurs en déco
Une règle élémentaire en décoration intérieure est de ne pas associer plus de 3 couleurs dans une même pièce sous peine d’avoir un intérieur disharmonieux. En effet, au-delà de trois couleurs, la pièce devient moins cohérente. Il est même recommandé par les meilleurs conseillers couleurs [ et par moi-même ] d’opter pour un camaïeu de teintes : genre blanc crème, vert grisé et un vert sauge par exemple. Vous êtes certain de ne pas vous tromper, car vous ne prenez pas beaucoup de risque.
Cela, c’est pour la règle de base ! Cependant, tous les exemples de cet article viennent donc la contredire.
Pourquoi cela marche-t-il quand même ? Dans chacun de ces exemples, il y a malgré toute une harmonie de couleur qui est savamment réfléchie et travaillée. Dans le premier exemple, il s’agit d’un camaïeu de rouge, réveillé par un aplat de bleu foncé ou de noir, plus apaisant que dissonant. Dans d’autres exemples, il y a une certaine mesure. Les couleurs vives n’occupent qu’une petite partie de l’espace pour laisser place à un fond neutre.
Collaboration entre la marque CC-Tapis et la designer britannique Faye Toogood
Collection de tapis Space Modules, édition Goodmoods – Photo : Benjamin Guedj
Les bonnes associations de couleurs
Il n’y a pas de bonne ou de mauvaise couleur. Tout dépend des goûts de chacun, des modes et des époques, de l’endroit où l’on vit aussi. Au-delà de ce fait, néanmoins, il y a des associations de couleurs plus ou moins aventureuses. Il est par exemple acquis que d’associer des couleurs complémentaires comme du rouge et du vert ou du jaune et du violet aura un résultat hasardeux.
Pourquoi cela peut-il fonctionner quand même ? Tout dépend de l’intensité des couleurs choisies. Si vous mettez un vert d’eau opposée à un rose pâle, et bien le résultat sera différent de la confrontation d’un vert sapin et d’un rouge carmin. Nous sommes d’accord. Tout dépend également de la quantité que vous y mettrez. Un coussin vert sapin sur un canapé rouge carmin, cela fera peut-être « noël », mais cela passera sans doute, surtout si vous avez à côté des plantes vertes.
L’intensité des couleurs
Les couleurs fortes et vives attirent irrémédiablement le regard. Mettez un rouge vif ou un vert anis sur un mur et vous ne verrez que lui. Cela peut être lassant à la longue. C’est pourquoi j’encourage toujours à bien mûrir son projet de peinture ou à s’adresser à un conseiller couleur. [ La plupart des marchands de couleurs proposent ce service. ] Il est aussi conseiller d’utiliser des couleurs vives dans des endroits passants comme un couloir ou une salle de bain.
Pourquoi cela peut-il fonctionner quand même ? En effet, si vous souhaitiez vraiment adopter du rouge ou l’association audacieuse de couleurs dans votre salon, ce n’est pas interdit. Il faudra le travailler avec l’ensemble des éléments de la pièce, afin que la couleur n’arrive pas comme un cheveu sur la soupe. Tout est question d’harmonie.
Comme dit dans le paragraphe précédent, cela dépend également de l’intensité des teintes. Pour une association de plus de trois couleurs différents, on les choisira plus ou moins de la même intensité.
La couleur accent
Une autre règle élémentaire en décoration est celle du 60-30-10. Selon cette formule, une couleur dominante devrait occuper 60% du décor (en général une teinte neutre comme un blanc), tandis qu’une couleur secondaire occuperait 30% de la pièce et les 10% restants seraient habituellement réservés aux accessoires. On parle de couleur accent, et cette couleur est souvent vive pour réveiller le décor. Le compte est juste, nous sommes toujours à trois couleurs !
Vous l’aurez compris, cette règle n’est qu’une règle qui ne demande qu’à être contournée. On peut toujours envisager un décor quasi-monochrome sans aucune couleur accent. Il est possible aussi d’aller au-delà des trois couleurs réglementaires.
En revanche pour éviter le côté « too much« , je vous conseille de conserver une base monochrome qui n’est pas forcément du blanc, mais qui permet d’apaiser l’espace. Par exemple dans ce bar, seule la partie basse de la pièce est multicolore. Le reste est blanc.
J’espère que vous aurez apprécié cet article. J’ai en effet cru comprendre que chez certains d’entre vous, il y avait une certaine lassitude pour les intérieurs monochromes. J’essaierai de continuer à vous montrer des exemples d’intérieur qui osent les couleurs, mais force est de constater qu’ils ne courent pas le web, surtout au-delà des trois couleurs réglementaires. J’espère aussi que mes explications sur comment détourner les règles de la couleur en décoration vous auront semblé claires et limpides.
N’hésitez pas à partager votre approche de la couleur.
Garance
24 juin
Vive la couleur ! Le monochrome, j’en ai vraiment assez… d’ailleurs, quand j’ai fait repeindre mon salon il y a cinq ans, j’avais choisi des teintes assez neutres : ficelle en camaïeu avec une teinte un peu plus soutenue. Du coup, j’injecte de la couleur, des imprimés… Dans votre sélection, j’apprécie beaucoup le canapé vert Goodmoods qui s’harmonise bien avec la plante verte. Et moi qui ne croyais pas aimer les tons pastel, finalement, je trouve les derniers visuels très réussis…
Clémence
25 juin
Bonjour Garance,
Il faut vraiment que je fasse plus d’articles sur des intérieurs colorés, mais ce n’est pas toujours facile, et j’essaie de varier.
Je comprends complètement cette réaction aux intérieurs neutres. J’ai souvent dit sur le blog qu’on se lasse aussi du blanc et du crème ! Perso, même si je présente souvent des intérieurs monochromes, je ne peux vivre dans un intérieur sans contraste, sans contraste et sans couleurs.
Bonne journée, et à bientôt sur le blog,
Clémence
Pierre
24 juin
Merci pour ce coup de peinture dans notre vie, et de plus, on apprend plein de choses !
Clémence
25 juin
Bonjour Pierre,
J’étais sure que cet article vous plairait.
Il est resté longtemps à trainer là dans mes brouillons, car je ne savais pas quoi écrire autour des images (Cela arrive). Et puis, j’ai eu le déclic. Je suis ravie que cela vous ai intéressé. C’est que je m’applique !
Belle journée,
Clémence