Le papier peint en trompe-l’œil est une tendance forte du monde de la décoration. À la faveur des avancées techniques de l’impression numérique notamment, il est devenu beaucoup plus accessible au grand public en termes de prix, et en termes de pose aussi. La question du jour sera : faut-il succomber à cette tendance ? En effet, ce type de papier peint est capable du pire comme du meilleur. Il crée la surprise, mais peut aussi plomber un décor si la qualité n’est pas au rendez-vous. Je vais donc essayer de débrouiller la problématique à travers de nombreux exemples d’éditeurs de papier peint.

Je me dis souvent que la décoration d’un intérieur tient du décor de théâtre. Le fait que cela soit faux n’a en fait aucune importance… si cela ne se devine pas. Une partie du boulot des décorateurs n’est-il pas de souffler le vrai et le faux dans les intérieurs qu’ils conçoivent en faussant les perspectives, dissimulant ce qu’il ne faudrait montrer, créant des volumes là où il n’y en a pas ? Quand on aborde la décoration par ce biais, cela devient un vrai terrain de jeu.

À l’instar des papiers peints panoramiques, le papier peint en trompe-l’œil permet de dynamiser la décoration d’une pièce. Tout est possible et imaginable. Il est possible de tout imiter et même d’imprimer des photographies XXL, genre coucher de soleil sur fond de plage paradisiaque. Nous nous rappelons encore de ces papiers peints dans les salles d’attente des médecins ! Vous trouverez donc de tout, le pire comme le meilleur : fausse bibliothèque, murs de pierre jusqu’à des motifs graphiques jouant des illusions d’optique. Tout est question de choix.

Gardez toujours en tête que le papier peint trompe-l’œil joue de l’illusion, mais peut être très décevant si l’on souhaite texturer un décor. Il sera toujours plat et lisse….

Autres inspirations

⌈ Projet : Wall & Deco – Le restaurant gourmet de l’hôtel Windsor, Clotilde Bistrot à Milan. ⌋

Papier peint en trompe-l’œil, je t’aime moi non plus.

La décoration a toujours fait appel au faux : faux marbre, faux bois, jusqu’aux fausses perspectives de colonnes dans de vrais palais, parce que le faux est toujours moins cher que le vrai et qu’il peut faire beaucoup.

Il y a donc deux poids deux mesures dans cette approche. Nous trouverons les imitations de matériaux et les trompe-l’œil de paysage. Les puristes diront qu’il faut absolument éviter les imitations de matière (bois, briques ou carrelage) ou d’objets (livres, fenêtres, portes). Le faux fait cheap ! Cependant, comme vous le verrez dans les exemples de cet article, cela dépend comment cela est fait. Des créateurs se sont emparés du sujet et ont su en faire des produits « artistiques » qui sont loin de faire « cheap ».

L’intérieur de la designer Abigail Ahern à Londres via apartmenttherapy.com – Photo : Rebecca Bond

Comment utiliser du papier peint trompe-l’œil ?

Il y a aussi la façon dont nous l’utilisons. Aller dans une grande surface et s’acheter du papier peint grossier imitation « murs de brique » n’est pas forcément gageur de réussite, même si cela fait toujours plus propre que le mur abîmé d’origine. C’est pourquoi le papier peint trompe-loeil est

La décoratrice anglaise Abigail Ahern qui n’a pas froid aux yeux, a su utiliser du papier peint « faux livres » avec talent. Je ne peux pas dire que c’est du meilleur goût, mais cela n’en a pas moins du style. Ce n’est pas moche (voir ou revoir L’art du mauvais goût, l’humour en plus !). Il faut vraiment garder un esprit ludique et drôle, et le mettre en perspective avec le reste.

Si vous optez pour du papier peint trompe-l’œil de basse qualité et que vous l’associez avec du mobilier bas de gamme, vous obtiendrez quelque chose sans grand intérêt. Loin d’être snob dans mon propos, je vous conseillerai pour le même budget de plutôt partir vers un papier peint trompe-l’œil de fleurs ou de paysages, ou encore de dessins naïfs pour une chambre d’enfant. Mon conseil est de s’éloigner du trompe-l’œil classique mais le résultat n’en sera que plus intéressant.

N’hésitez pas à y associer une couleur vive à travers un objet ou un meuble (Voir ou revoir Les couleurs Pop en couleur accent).

01 | Les papiers peints de Deborah Bowness

Les papiers peints en trompe-l’œil de Deborah Bowness auraient mérité un billet entier tant son travail m’inspire et donne lieu à de nombreux exemples d’utilisation. Il faut avouer que cette créatrice anglaise a su moderniser et donner un cachet artistique à cet art du trompe-l’œil. Elle ne se contente pas d’imiter, elle insuffle quelque chose de nouveau par le biais de la couleur, des formes…

Ce qui est intéressant dans ce type de papiers peints, ce sont qu’ils font « faux », mais sonnent « vrais » ce qui les rend beaux, contrairement à d’autres  qui sont de parfaites imitations telle des photos, mais cela fait tellement « vrai » que c’est raté.

02 | Les créations murales de la Maison Martin Margiela

Quand Martin Margiela avait eu cette idée de prendre en photo des boiseries XVIIIe et de les photocopier pour les poser tel un papier peint sur les murs, je me souviens de la détonation que cela avait eue dans le monde de la déco. L’idée était ridiculement simple, et pas cher. Aujourd’hui, il en a fait une suite d’hôtel avec de vrais papiers peints en trompe-l’œil. Et sinon, on trouve sous forme de sticker cette collection de portes.

Hôtel La maison Champs Elysées, Paris

03 | Les collab de l’éditeur néerlandais NLXL

Fondée en 2010, la marque de papier peint NLXL surfe sur la vague du papier peint d’imitation et de la tendance « upcycling ». Ils se sont notamment fait connaître avec les papiers peints réalisés en collaboration avec le designer Piet Hein Eek. Souvent imitée, jamais dépassée, la qualité graphique de leur proposition est le fruit d’une longue recherche. Il ne suffit pas de prendre en photo un mur de briques !

Depuis, ils multiplient les collaborations avec le concept-store Merci pour la collection « Brooklyn tins wallpaper« , ou avec Piet Boon pour la collection « Concrete wallpaper« .

04 | Les objets familiers et les murs mis en trompe-l’œil

À la tête du Studio Ditte (Pays Bas), on trouve trois artistes hollandaises qui ont développé leur marque autour des objets de tous les jours aussi familiers qu’importants. Sur leur papier peint, on trouve des imitations de vieilles planches ou de carreaux de cuisine, mais aussi des petites voitures d’enfant bien alignées sur les murs ou des cuillères, des assiettes, des curiosités antiques et autres trésors cachés.

05 | Des papiers peints en trompe-l’œil comme des vraies peintures

Elisabeth Leroy (France) a appris l’art de la peinture en trompe-l’œil à l’ancienne, et elle décline ces modèles en papier peint, une belle idée à moindre coût. Ses lapins sont vraiment « trop chou », et sont une belle idée pour une chambre d’enfant.

06 | et aussi …

Les papiers peints de Louise Body (UK) avec cette collection Paper tiles

Les papiers peints de la marque Coordonné (Barcelone) avec la collection Tiles

Le fameux papier peint imitation marbre de Ferm Living

Papier peint Foundation par Cole&Son (UK)

Les papiers peints Rebell walls (Suède) avec notamment les collections Surfaces, Wood ou Concrete.

Dans le même style, vous avez les papiers peints MrPerswall (Suède), racheté par Boråstapeter

Collection Factory II par l’éditeur de papier peint Rash (Allemagne)

et Wall&deco (Italie)