Face à la décoration bling bling, s’est développée dans le monde du luxe, l’antithèse : la décoration trash, cracra. Le principe est simple : laisser parler les murs, l’usure des matières, créer une ambiance qui se joue du temps et des traces du passé, une déco qui en fait même son let motive. On parle de style « rough luxe », ce qui signifie « luxe rugueux ».
Rien de bien nouveau. Cette tendance prend ses racines dans le style bohème et le pousse à son paroxysme. Elle s’inspire de l’impression que l’on peut ressentir lorsque l’on visite des endroits abandonnés au passage du temps. Au-delà de la poussière, de la craquelure des murs, de l’usure des tapisseries, des parquets craquants… il y a cette beauté insaisissable dans ces lieux qui donne un sentiment de plénitude, parfois inquiétante. On devine le murmure du temps. Et c’est cette ambiance-là que certains décorateurs ont tenté de recréer.
Mais attention, pas question de donner l’impression que la déco est négligée, que cela fasse pauvre, et c’est là que repose tout l’art de cette nouvelle déco : LLaisser parler les murs, mais dans le luxe. On choisit de beaux meubles, on soigne les éclairages… Un nouvel esprit bohème…
Autres inspirations
1 | The Rough Luxe Hôtel
La beauté est suggestive. La perfection n’implique pas la notion de beauté.
Cette radicalité, Rabih Hage, designer et galeriste l’ont poussée jusqu’au bout avec son projet le Rought Luxe (en français « luxe Brut« ), un hôtel atypique en plein cœur de Londres.
Sur la décoration de ce lieu, il répond justement qu’il n’y en a pas et parle plus facilement d’une expérience à vivre. Lors des travaux de dépouillement, il a trouvé une certaine beauté dans cette mise à nu du lieu et a souhaité conserver les couches archéologiques de la décoration qui s’étaient succédé depuis 1859, date de création de l’hôtel.
Mais la « déstructuration » des murs s’oppose à des papiers peints résolument contemporains ou aux immenses peintures murales de Massimo Listri, créant une illusion d’espace et de luxe. L’installation électrique et les portes d’origine reflètent le charme de leur époque et l’usure évidente du temps. La cuisine fonctionnelle des années 1960 est restée au sous-sol intacte avec quelques touches de modernité. Et comble de la nostalgie, le thé est servi chaque jour entre 15 h 30 et 17 h 30.
02 | La Ragged Scool
La photographe anglaise Zanna s’est installée à la fin des années 90 une ancienne école du quartier de Southwark à Londres, baptisée Ragged School (ragged signifiant en loques, en guenilles) pour en faire un lieu libre de création et de rencontre. Elle a complètement réinvesti le bâtiment en redéfinissant les espaces comme ils étaient à l’origine, en restaurant les murs de brique. Dans certaines pièces, elle a fait le choix de conserver les couches successives de papier, témoignage d’une époque et des styles.
03 | Dimore Studio
Britt Moran et Emiliano Salci, les designers de Dimore Studio interprètent les intérieurs du XVIIIe siècle. Ils travaillent le côté défraîchi avec des couleurs contemporaines qui mettent en valeur des objets design ou anciens savamment sélectionnés.
Dans leur galerie de Milan, ils ont voulu créer quelque chose d’inhabituel qui s’inspirerait des appartements cubains laissés à l’abandon. Dans ce projet là, ils ne sont pas partis sur les traces du passé du lieu, car ils ont commencé par le nettoyer, le dépouiller de la structure originelle, ils ont fait repeindre l’espace en blanc, puis ensuite est venu le délicat travail de l’artisan peintre qui a créé des effets craquelés sur les murs, leur donnant plusieurs siècles d’usure en une nuit.
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