J’aimerais vous parler de Colin King, ce styliste New Yorkais qui cultive une esthétique « old new » inspirée des principes wabi sabi. En ce moment, avec la sortie de son livre Arranging Things aux éditions Rizzoli, il est partout. Je l’ai croisé sur Zara Home, dans le dernier Milk décoration ou encore sur Est Magazine. Cependant, même avant ce fait, il était partout. Il fait partie de ces personnes discrètes que l’on commence à voir un peu, puis beaucoup, avant qu’elles ne deviennent incontournables. Il faut dire que l’homme développe un art consommé de la mise en scène sereine.
Quand je regarde le fil Instagram de Colin King, je me dis que nous ne vivons pas exactement dans le même monde. Son monde est esthétiquement beau, serein, tout en nuances de beige. Le mien contient de belles choses, mais il est en général de guingois, sale et bruyant, pas vraiment très harmonieux ! (Je plaisante.)
Autres inspirations
⌈ ARRANGING THINGS by Colin King via Zara Home ⌋
Édition Rizzoli – Arranging Things de Colin King (auteur), Sam Cochran, édition en Anglais
Petite réflexion sur Arranging Things de Colin King (que je n’ai pas eu en main)
La quatrième de couverture de son livre nous affirme que grâce à « la maîtrise de Colin King » nous pourrons « élever nos espaces dans des environnements de créativité personnelle« . Ces mots m’ont fait se dessiner un début de sourire ironique.
Certes, nous le pourrions, mais nous aurons sans doute du mal à atteindre une telle réussite, même sans chercher la perfection.
En écrivant sur le monde de la déco depuis plus de quinze ans, je suis devenue humble sur le sujet. Même s’il nous affirme qu’il ne s’agit pas d’acheter de nouvelles choses, mais plutôt de dépoussiérer les vieux objets aimés et de les voir avec des yeux neufs en regardant au-delà de l’utilisation prévue pour découvrir un sens plus profond dans le quotidien, je ne suis pas certaine que nos objets, issus essentiellement de la grande consommation, aient une valeur esthétique cachée.
Soyons honnêtes, nous pouvons écouter ses conseils, et peut-être embraser facilement ce style avec un peu de talent et de savoir faire, mais cela coûte cher. Les espaces que Colin King conquiert avec talent (il a incontestablement du talent), comme son appartement à Tribeca, New York, sont à la base beaux. Il peut en retirer quelque chose, et s’ils n’ont pas de caractéristiques particulières, il peut en insuffler, mais nous savons que les beaux matériaux coûtent excessivement cher. Nous savons que les beaux objets se font rares, que la plupart d’entre nous habitons une grande partie de notre vie dans des locations, que nous manquons de temps…
…mais nous pouvons vraiment nous inspirer de l’univers de Colin King,
car nous ne perdons rien à arranger notre intérieur.
Collection design Colin King pour Menu
Qui est Colin King ?
Le parcours de Colin King est atypique. Il a grandi dans une ferme de l’Ohio et est devenu danseur de formation classique, avant de bifurquer vers le métier de stylisme décorateur.
La question « quelle influence a eu la danse sur son travail de stylisme d’intérieur ? » revient souvent dans les interviews qu’il. À juste titre. Nous pouvons, en effet, nous demander comment l’on passe de danseur -anonyme- à star du styliste, collaborant avec des magazines renommés comme Architectural Digest, T, Ark ou encore Rum ; travaillant régulièrement avec West Elm, Anthropologie, Zara Home, Crate & Barrel et Roman and Williams Guild ; éditant ses propres collections pour Beni Rugs et Menu…
Colin King répond tranquillement que sa formation de danseur lui a permis de se déplacer dans l’espace en silence, avec délicatesse. Il ne cherche pas. Il est ce qu’il crée. Son approche est absolument intuitive, nourrie de lectures et de références artistiques. La nature est aussi une source incommensurable d’inspiration.
SON ESTHÉTIQUE EN 3 MOTS : Fantaisiste, naturelle et sage.
Comme beaucoup de créateurs qui travaillent en s’appuyant sur leur instinct et de leur sensibilité, Colin King nous dit qu’il n’a pas de style. « Mes espaces préférés sont « sans style », ni trop artificiels ni assemblés. »
Néanmoins, il y a bien un fil conducteur. Les intérieurs qu’il crée reflètent des ambiances extrêmement calmes et sereines, inspirées des ambiances en clair-obscur des maîtres de la peinture flamande. Ils n’ont rien à envier au galeriste et décorateur flamand Axel Vervoordt qui a conceptualisé l’esthétique wabi wabi japonaise. L’art de l’épure. Le goût des matériaux qui vieillissent. Les mises en scènes minimalistes. Le temps qui passe. L’air que l’on respire en pleine conscience.
Cela se traduit par une palette de matériaux bruts et de teintes neutres claires, avec des espaces traités dans un style minimaliste sans fioritures et ni excès.
Ce sont des ambiances assez courantes. En revanche, la réussite de Colin King est de rendre toujours visuellement riches pour des clients, les mises en scène intérieures qu’il crée pour lui et ses clients.
Des articles qui m’on inspirés
- – Colin King is all about the « abandonment of perfection » sur eye-swoon.com
- – 10 questions with designer Colin King sur interiordesign.net
- – More of Colin King’s Light-Filled Manhattan Loft sur architecturaldigest.com
- – My Space | Stylist Colin King sur estliving.com
Clémence
26 mai
Je n’aurais pas employé le mot « fantaisiste » après avoir vu son travail.
Pour moi, ces intérieurs sont froids, vide et ça m’angoisse !
J’ai souvent l’impression de retrouver les mêmes univers lorsque ça concerne la déco plus haut de gamme. Un cruel manque de vie et de couleurs à mon sens.
Clémence
30 mai
Bonjour, re-bonjour Clémence,
Tu as sans doute raison, « fantaisiste » n’est peut-être pas le bon mot. Je voulais dire qu’il y avait une petite pointe d’originalité par rapport à l’approche habituelle de ce type de déco, mais ce n’est certainement pas « turbulent ». Nous sommes d’accord.
J’essaie de parler de tout, non pas pour essayer de répondre à tous les goûts, mais parce que je crois que en fonction d’un espace, d’un environnement, même un stade de vie, nous pouvons avoir des envies et des besoins différents. Je crois aussi, que tout peut inspirer…
Enfin bref, je m’emballe.
Belle journée à toi,
Clémence
Edith Bordes
26 mai
Merci pour cet article et votre approche réaliste de la démarche: inspirante, mais il nous faut garder les pies sur terre
Bravo, comme toujours!