Depuis quelques temps déjà, j’ai commencé à être interpellée par ces façades en bois noirci : cabane, bardage, mobilier ou encore panneaux intérieurs. Le bois brûlé ou shou-sugi-ban est partout ou presque. [ Il y a aussi beaucoup de bois noir teinté, ciré. Ce n’est pas pareil, mais l’effet est proche. ]
La technique du shou-sugi-ban reste encore confidentielle en France. Néanmoins, elle intéresse de plus en plus de personnes, la preuve avec cet article qui rencontre un énorme succès depuis sa publication en février 2017. De plus en plus de créateurs s’en emparent pour créer des meubles ; et de plus en plus de sociétés proposent du bardage « brûlé ». Ne me demandez pas d’adresses précises, je ne suis qu’un relais d’information. J’ai mis quelques adresses dans l’article, mais vous invite à enquêter par vous même.
L’utilisation du bois brûlé dans l’habitat est une technique ancestrale. L’origine la plus connue est la technique japonaise du shou-sugi-ban ou yakisugi. Elle permettait et permet toujours de protéger naturellement le bois. Aujourd’hui, c’est son aspect esthétique qui attire le plus, bien que ses vertus restent toujours d’actualité. Vous verrez…
Autres inspirations
Pourquoi ce soudain intérêt pour le bois brûlé ?
Je dois reconnaître que l’intérêt n’est pas non plus énorme, mais j’ai remarqué que de nombreux blogueurs avaient déjà traité du sujet et trouvé pas mal d’exemples de bidouillages maison, de designers, d’architectes. Et puis, il y a eu la maison d’Aurélie Lécuyer parue dans le Milk Décoration. Après avoir retapé une vieille école, investi un appartement ancien, elle et sa tribu habitent une maison contemporaine au bord de la mer couverte de bardage en bois brûlé. [ Mon déclic ] Discrète, mais curieuse, son style simple et subtile à la fois, nous inspire… encore.
Je ne pense vraiment pas qu’Aurélie Lécuyer cherche à créer la tendance. En revanche, je la vois un peu comme moi d’ailleurs, toujours à l’affût de nouvelles inspirations. [ Laissez vous prendre par son ledansla.tumblr.com ] Avec un petit budget et beaucoup d’idées, elle et son mari ont donc évité la maison pavillon classique. A l’aide de l’agence d’architectes L’atelier, ils ont imaginé une maison simple en bois blond dedans, et bois noirci dehors, pas ordinaire du tout et complètement dans l’esprit slow life.
J’ai préparé plusieurs planches d’inspirations exprimant les idées que je me faisais de la maison, aussi bien en terme d’aspect extérieur que d’ambiances intérieures, de matériaux… On voulait une grande boîte noire. Thomas était à l’écoute, nous avions beaucoup d’approches communes.
En quoi consiste la technique du bois brûlé ou shou-sugi-ban ?
Le shou-sugi-ban ou yakisugi est une technique traditionnelle du Japon qui consiste à brûler le bois d’un côté. Cela permet de le protéger des intempéries, des UV, des moisissures et des insectes et ironiquement des incendies surtout à l’origine. La plupart des maisons au japon étaient construites en bois et les populations craignaient plus que tout, la propagation des flammes. La couche supérieure carbonisée créait un effet retardateur. Malheureusement au Japon, comme ailleurs la tradition se perd et les bardages en bois brûlé sont de plus en plus délaissés au profit du plastique !
Si il vous prend l’idée de « brûler » la cabane au fond du jardin, tel un maître du shou-shi-gan, j’ai trouvé différentes techniques :La traditionnelle
En premier lieu, au Japon c’est le cèdre qui était utilisé, Sugi d’où le nom. La technique originale consiste à lier ensemble trois planches en une sorte de long triangle que l’on place debout et dans lequel on insère du feu, puis on éteint la combustion en vidant un seau d’eau. Voilà, voilà, long et fastidieux si vous souhaitez couvrir une maison.
Les techniques du bois brûlé dérivées
Pour les plus grandes séries, deux techniques se présentent. En un, on peut créer un grand lit de braises dans lequel on couchera des planches 2 par 2. En deux, on peut aussi simplement utiliser un chalumeau. Comptez une dizaine de minutes par planche.
La finition
Le résultat varie en fonction du bois utilisé à la base, du temps de combustion pratiquée et de la finition. Cela va de l’effet carbonisé à un effet noirci ou encore à quelques touches brûlées qui laissent apparaître le bois d’origine.
Une fois la combustion pratiquée, on gratte les résidus de charbon si nécessaire avec une brosse, puis on applique un enduit de finition qui peut être de l’huile végétale ou de la cire, une teinte.
Témoignages
- Réalisation d’une porte shou sugi gan
- Une cabane shou shi gan
- Brûlage de bardage
Exemples de réalisation d’architectes
Avec l’engouement pour le bois, les méthodes naturelles, cette technique ancestrale est très prisée par les architectes. Elle est vraiment intéressante d’un point de vue design et esthétique à condition d’aimer le noir et le bois, et aussi parce qu’elle protège le bois de façon naturelle et durable. Ce qui évite l’utilisation de plastique et de produits pétrochimiques. Ça peut donner des effets charbons, mais vous avez pu constater que l’on peut moduler la noirceur.
Côté design : l’effet esthétique du bois brûlé
Le bois brûlé, ce n’est pas que pour l’extérieur. Beaucoup d’architectes d’intérieur l’utilisent aussi à l’intérieur pour le parement d’un mur.
Architecte : Aamodt Plumb – Projet : Lakefront Austin-home + zwarthout.com
Faire contraster les matériaux…
Dans un esprit seventies, plus original qu’un simple mur peint en noir.
Dans un esprit industriel et scandinave, des placards de cuisine en bois effet brûlé.
Peut-être l’élément design le plus frappant du salon est le dai koku bashira, le grand pilier, central. Dans les régions rurales du Japon, ces troncs étaient le pilier central structurel d’une maison. Selon la foi shinto, Daikoku, le dieu de la richesse, réside dans le pilier, ce qui porte la bonne fortune aux habitants de la maison. Konishi et Gaffney, les propriétaires avaient sans doute un autre rituel à l’esprit en implantant ce tronc carbonisé au milieu du salon, car il sert à marquer la taille de leurs enfants. Le pilier lui-même est le tronc d’un chêne centenaire écossais.
Du mobilier brûlé
Après les architectes, les designers ne sont pas en reste. On se souvient du buzz qu’avait provoqué le designer néerlandais Maarten baas en osant passer sous le feu du mobilier d’époque (et de prix). En même temps, c’est une méthode de patine comme une autre et cela peut être une bonne idée pour moderniser un meuble vieillot. Vous me direz que vous pourriez le peindre en noir, certes, mais le brûlage donne un effet différent.
Smoke est le projet de diplôme de Maarten Baas à la Design Academy d’Eindhoven, en 2002. Il est le résultat de ses recherches sur la beauté et la perfection fin. « Dans la nature, tout est en mouvement, ce qui crée une certaine beauté. Pourtant, il est une tendance très humaine de garder les choses comme elles sont censées être et de les garder belles comme ils étaient à l’origine. Smoke joue avec les deux perceptions de la beauté. »
Je vous cite un autre designer Valentin Loellmann. En 2011 naît la collection « Fall/Winter » : une série de meubles composés de plateaux en chêne reposant sur des pieds en branches de noisetier, noircis au chalumeau, puis passés à la cire. Le plateau est ensuite poncé au sable, poli et traité à l’huile. Chez lui, le brûlage n’est pas perçu comme un concept, mais comme une finition pour ses meubles aux formes organiques, alors que chez Maarten Baas il y a la notion de provocation, du temps qui passe, du geste porté à l’objet pour lui donner une autre dimension.
Maison Saman est une nouvelle maison d’édition qui propose des meubles inspirés du minimalisme japonais et scandinaves… Et dans leurs propositions on trouve des meubles en bois brûlé. C’est français, avec une volonté de mettre en valeur le savoir-faire, des matériaux de qualité respectueux de l’environnement pour des meubles qui durent.
Trouver une entreprise
Je suis certaine qu’il en existe d’autres, mais ce sont les sites qui ressortaient toujours.
J’espère que cet article ne vous aura pas paru trop long, mais j’ai essayé de faire le tour de la question. J’ai oublié de vous dire que le bois soumis à un vrai brûlage, type shou sugi gan était fragile à la manipulation, c’est pourquoi faire appel à un professionnel pour la pose est peut-être une bonne idée. Personnellement, j’ai bien envie de tester sur une chaise.
N’hésitez pas à partager votre expérience et à me dire si cette technique vous parle ou pas, partager d’autres exemples.
Marie
25 janvier
Merci pour cet article ma foi fort interessant !
Dusewart
11 novembre
Votre article est tellement riche de renseignement, un grand merci pour ce voyage.
Paul
11 mars
C’est incroyable cette type de décoration et en plus très intéressant. C’est très jolie le contraste avec le bois brûle et les meubles en bois clair. Pour moi, j’aurais les canapés et sièges en couleurs claires plutôt que foncés.
Clement
23 août
Bonjour Clémence.
Superbe méthode je ne connaissais pas. C’est plutôt bluffant !!
Le mobilier brûlé est juste magnifique. J’ai hâte de voir d’autres sujets comme celui-ci.
Merci pour ces conseils.
Clémence
26 août
Bonjour Clément,
Cet article est l’un des vues plus sur le blog. Ce qui me fait très plaisir. Trouver des sujets qui sortent de l’ordinaire et qui soit porteur, pas facile. Cela relève de l’intuition, mais beaucoup de la chance, surtout que je ne calcule rien. J’écris sur ce qui m’intéresse en me disant que cela pourrait intéresser d’autres.
Bonne journée à vous,
Clémence
Jacques
13 juillet
Article très intéressant, je ne connaissais pas du tout cette technique, sauf pour les meubles.
Farib
16 mai
c’est génial !
Mateo
18 février
Nous envisageons une maison avec bardage en bois brûlé en extérieur… nous sommes convaincus de l’esthétique mais restons mal renseignés sur le côté pratique : la suie tâche au contact des planches « fraîchement » produites et non huilées (contact main mais aussi potentiellement dégoulinures provoquées par la pluie). Avez-vous un retour sur cet aspect là ? Ce phénomène s’estompe-t-il rapidement ? L’huile est-elle indispensable pour l’éviter ?
Merci pour votre bel article !!!!
Clémence
20 février
Bonsoir Mateo,
Je ne suis malheureusement pas assez calée pour vous répondre correctement.
Je vous invite à vous mettre en contact avec un pro. J’ai mis quelques liens dans mon article. Ils sauront beaucoup surement répondre à vos interrogations.
Cordialement,
Clémence
Devineau
28 avril
Il faut mettre un obturateur qui évite de se tacher les doigts et les coulures avec la pluie
Clémence
28 avril
Bonjour,
Merci d’avoir fait cette précision. Je pense que comme cet article est beaucoup consulté, cette remarque devrait en intéressé plus d’un.
Cordialement,
Clémence
Patrick
12 septembre
Et il ne s’en dégage aucune odeur ?
Maitrot annette
9 septembre
Je voudrais savoir si on peut faire avec du sapin. Merci
Clémence
10 septembre
Bonjour Annette,
Je ne suis pas une spécialiste du « bois brûlé », cependant il me semble qu’il n’y ait pas de contre-indication à utiliser du sapin. Je vous conseille d’aller faire un tour sur les sites spécialistes dont j’ai mis les liens dans l’article pour vérifier, voire passer un coup de fil pour vous renseigner.
Bonne continuation,
Clémence
Jean
14 avril
Bonjour .. ayant une maison et ses dépendances … pavillon de thé .. abri de jardin avec un » koshikake » à la japonaise pour accentuer l’esprit du wabi sabi et pour protéger les poteaux de structure pratiqué le brûlage partiel .. ce qui a mis en valeur le veinage du bois lui donnant ainsi un caractére esthetique qu il n’avait pas ..
Clémence
15 avril
Bonjour Matsu,
Merci pour votre commentaire et votre partage d’expérience.
Personnellement, j’aime cette idée, mais encore jamais eu l’occasion de le placer dans un projet. Ça viendra, un jour…
Clémence
Depommier
24 février
Ça existe depuis longtemps dans certains coins de haute savoie
Yves
12 février
Et j’ai oublié : pour des encadrements de tableaux, c’est génial !!!
Yves
12 février
Bonjour !
J’ai personnellement pu voir des maisons en bois brûlé dans des villages préservés au Japon.
C’est vraiment joli. distingué, ça brille un peu, c’est solide, pas sale, bon marché si on récupère…
A l’interieur, c’est étonnant de chic, et ça met incroyablement en valeur tableaux ou meubles, de tout style !
C’est même pas difficile à réaliser soi-même, sur un morceau de prairie, munis de 2 tréteaux, d’un chalumeau, d’eau, et d’une brosse en fer !
On peut même le faire avec des planches de parquet à emboitement, et assembler ensuite !
Essayez, ça procure beaucoup de satisfaction !
Clémence
12 février
Bonjour Yves,
Merci pour votre partage d’expérience, c’est intéressant.
C’est vrai que lorsque l’on regarde des vidéos montrant cette technique, cela n’a pas l’air bien compliqué. Mais à Lyon où j’habite, je crains que cela n’aille pas dans le contexte. Cependant, je garde l’idée pour un cadre ou un meuble… et puis cela donnera peut-être des idées aux autres lecteurs.
Belle fin de journée,
Clémence
Hervé J.
28 décembre
Bonjour,
J’adore la technique shou-sugi-ban, comme huile ou cire en finition est existe combien possibilités ?
Bravo pour votre site 😉
Merci
Hervé J.
Clémence
28 décembre
Bonjour Hervé,
Je suis ravie que cette technique vous parle et que mon blog vous plaise. Malheureusement je ne suis pas assez calée dans le domaine pour vous donner plus de pistes.
Je vous conseillerais de vous adresser directement à un fabriquant. Dans cet article, il me semble qu’il y avait pas mal de pistes à l’étranger certes, mais aussi en France.
Bonne recherche !
Cubehouseconcept
3 juin
Superbe article
Emi
14 mars
C’est incroyable cette type de décoration et en plus très intéressant. C’est très jolie le contraste avec le bois brûle et les meubles en bois clair. Pour moi, j’aurais les canapés et sièges en couleurs claires plutôt que foncés.
Merci beaucoup pour l’article ! Je le partage !
Jean-Freddy
12 février
wow, c’est la première fois que j’en entend parler de cette technique, même si je suis dnas la déco depuis de lurettes, c’est une surprise pour moi 🙂
Jean-Freddy de http://www.decouvrirdesign.com/
verte
10 février
passionnant ce sujet sur une technique que je ne connaissais pas, comme j’aime le noir, le bois, et le naturel je suis comblée, je pousse le vice un peu loin mais il ne m’aurai pas déplu de faire ça a mes poutres et mon plafond mais je crains un peu de mettre le feu a ma maison lol
Bertille
10 février
Je découvre aussi, article très complet et très intéressant, l’aspect des bois extérieurs me rappelle aussi le bois de granges, abris… qui étaient recouverts de goudron (j’ai souvenir de cela quand j’étais enfant, il y a longtemps). J’aime aussi beaucoup le mobilier qui mixe les deux, cela apporte une certaine fragilité au banc par exemple.
bravo Clémence, continue à nous surprendre.
Andrianina
10 février
Merci Clémence pour cet article très très détaillé et complet sur le sujet! J’ai moi même remarqué ces tabourets (?) en tronc d’arbre coupé chez Merci! Je ne m’imaginais pas alors, La complexicité de cette technique! A dire vrai, j’ai pensé que le bout noir était en fait peint et non brûlé! Et quelle ingéniosité ces japonais! Ce qui me conforte encore plus dans ma fascination deco/ design pour ce pays!
sophie
10 février
Article très intéressant, je ne connaissais pas du tout cette technique, sauf pour les meubles. L’effet est surprenant et esthétique.
Merci beaucoup !
lolabelle
9 février
wooo, quel superbe article!!! Bon, faut que j’arrête de m’extasier à chacun des posts, ça va devenir suspect 😉 Mais, sincèrement, chaque nouvelle publication est tellement intéressante et bien élaborée que c’est un vrai plaisir de passer ici!
Sinon, pour en revenir au sujet, je ne suis pas fan de l’intérieur d’Aurélie Lécuyer (je dois être la seule dans toute la blogo intersidérale)! Chaque fois que je vois ça maison, j’avoue que je suis totalement hermétique à l’intérieur, ça n’évoque rien chez moi et je trouve ça trop impersonnel…).Par contre, j’adore les réalisations « japonisantes » de l’architecte cité: Alain Carle! Les matériaux sont superbes, l’architecture des maisons fait rêver, sans parler du cadre extérieur qui, bien sûr, ajoute au charme! Là tout de suite, je lui commanderais bien une MG2 et un bout de Canada autour 😉