Il est peut-être un style décoratif que vous ne connaissez pas particulièrement bien : le style Bloomsbury. C’est parfaitement anglais. Son approche est une source d’inspiration pour de nombreux créateurs outre-Manche, mais pas que. Cela correspond peu ou prou aux ambiances bohèmes des années 20/30. Avec la tendance « grandma », je veux parler de ce retour de décors inspirés de nos grands-parents (nous pouvons ici, remonter à nos arrière-grands-parents), il n’est pas étonnant de le voir ressurgir. OK, ce n’est pas un raz de marée, mais certains meubles sculptés campagnards, le retour des festons, des fresques murales, sont issus de cet esprit bohème. Décryptage.
Donc, c’est la version bohème et artistique des années 20/30. Plus largement, ce style consiste à recycler, transformer et décorer tout ce qui nous entoure. Nous pourrions aussi l’associer à de l’art folklorique, celui des paysans qui peignaient leurs murs, leurs mobiliers et les objets de motifs colorés. C’est donc un style « pauvre » qui inclut de riches tentures, des œuvres d’art et des antiquités, dans des villas décaties, mais bien bourgeoises.
Autres inspirations
Le mythe du groupe Bloomsbury
Un style bohème, mais certainement bourgeois
La ferme de Charleston
Les 5 principes du style Bloomsbury
– 1 | Une palette de couleurs vives
– 2 | Mix and match de motifs
– 3 | L’ameublement récup’
– 4 | L’art de la fresque, de saturer l’espace
– 5 | L’accumulation
Le mythe du groupe Bloomsbury
Au début du XXe siècle, s’est constitué à Londres, un groupe d’intellectuels et d’artistes à l’esprit libre, unis par des liens familiaux et affectifs. Ils étaienten rupture avec les valeurs bourgeoises, issues de la période victorienne. Nous retrouvons dans ce groupe des personnalités phares, comme Virginia Woolf, Thoby Stephen, Vanessa Bell, Clive Bell, Duncan Grant, David Garnett, Roger Fry.
Le lieu emblématique de cette fraternité intellectuelle est la fameuse ferme de Charleston, située dans l’East Sussex.
Un style bohème, mais certainement bourgeois
Le style Bloomsbury est une approche décorative vraiment particulière, qui fait appel à tous les modes créatifs.
Son héritage n’est ni traditionnel, ni classique. Nous pourrions le décrire comme une version non conventionnelle et libre du style bourgeois des années 1900. De notre côté de la Manche, c’est toute la bohème de Picasso à Cocteau. Ces artistes ont le point commun d’avoir décoré leurs intérieurs de fresques, d’avoir repeint et détourné des meubles et des objets. Nous n’étions pas encore dans la période de surconsommation. Ce sont des années post-guerre de vache maigre. Ils collectionnaient des œuvres d’art et des antiquités, tout en composant avec de vieux coucous.
Pourquoi cela, pourrait nous parler ? Parce qu’encore aujourd’hui, nous avons le droit de bousculer les conventions, d’être créatifs et turbulents ! C’est aussi, un style bohème plus authentique que la version scandicraft.
Il fait fi des conventions. Il est dans la récup’, le fait soi-même.
La ferme de Charleston
Charleston est une sorte de trésor caché – située juste à côté de l’A27 dans un pli de l’East Sussex. La maison est nichée derrière un excès de feuillage et d’arbres luxuriants, ses tuiles patinées s’élevant parmi les narcisses et les dahlias. L’atteindre, c’est comme rencontrer un vieil ami lors d’une fête, ou peut-être en faire un nouveau – que vous soyez un visiteur fréquent ou que vous le découvriez pour la première fois, vous vous sentez instantanément le bienvenu.
C’est ainsi que commence l’article sur Inigo consacré à Charleston Farmhouse. Je ne serais pas mieux en parler, n’ayant jamais eu l’occasion de visiter l’endroit. C’est un mythe pour les passionnés de ce groupe, une source d’inspiration pour les passionnés de décoration et d’art.
Une palette de couleurs vives
Sur les photos des intérieurs du groupe Bloomsbury, les couleurs sont passées. Cela leur confère une patine séduisante. Dans la réalité, les couleurs vives et acidulées étaient omniprésentes, et assumées. Elles sont non seulement brillantes et vibrantes, mais elles sont juxtaposées de manière audacieuse.
Vous ne devez pas avoir peur de les utiliser pour obtenir ce style.
Mix and match de motifs
Ce style s’épanouit donc au début du XXe siècle. Les décors de cette époque sont encore chargés avec des boiseries et l’utilisation de textiles lourds et soyeux. C’est une période où s’épanouit l’art moderne, avec notamment l’exploration de la peinture abstraite.
Pour adopter ce style, il faut donc miser sur des tissus épais aux imprimés fleuris que l’on mélange à des motifs géométriques. À cela, s’ajoutent des textiles soyeux ramenés d’Asie et des Indes, des tapis persans, des tentures.
L’excès de motifs et de motifs est indissociable de ce style. Il est donc recommandé de mélanger tissus, papier peint, tentures, tapis. Nous dirions « maximalisme » aujourd’hui.
L’ameublement récup’
Il s’agit à l’origine de meubles victoriens souvent peints, mais tout meuble chiné de style campagne ou maison de famille fera l’affaire. Le mobilier vintage et neuf n’ont pas vraiment leur place dans ce style. Cependant beaucoup d’artisans et de marques proposent des meubles inspirés de cette période. Visez l’authenticité.
Les meubles doivent donner l’idée d’être usés, d’avoir été repeints à plusieurs fois. N’essayez pas d’assortir comme c’est le cas avec d’autres styles plus classiques.
Parlons des sièges. Nous savons que les vieux fauteuils de brocante peuvent être défoncés, mais le charme de ces décors tient à ces vieux fauteuils défraîchis. Vous devez mélanger avec du neuf ou faire retapisser. Encore une fois, si vous recherchez ce type d’ambiance, opter pour des choses au look ancien, grand-mère, campagne, comme des fauteuils à œillères, des canapés profonds, ou encore un fauteuil club en cuir.
L’accumulation
J’avais écrit un article sur l’art du fourbi, l’art d’accumuler des objets et de les mettre en scène. Les intérieurs de style Bloomsburry sont souvent des intérieurs surchargés. Ils sont encombrés d’antiquités, d’œuvres d’art, de céramiques, de vieux meubles chinés et de plein d’autres choses. Ce sont des intérieurs d’artistes ou tout au moins, de personnalités créatives. La culture, l’art, l’histoire, font partie d’un mode de vie et se traduisent par du « fourbi » !
La version plus contemporaine est plus aérienne…
Des articles qui m’ont inspiré
- – Inside Charleston House ! sur tatler.com
- – A Place Like No Other: Charleston Farmhouse, East Sussex sur inigo.com
- – Qu’est-ce que le style Bloomsbury en décoration ? sur amenagementdesign.com
- – The interiors of Charleston sur houseandgarden.co.uk
Sylvie
19 mai
Merci pour cet article qui a réveillé bien des souvenirs joyeux. En effet, je ne savais pas que c’était un style, mais c’était tout à fait celui de la maison de ma grand-mère (qui était née en 1911 et habitait une maison dans le 13ème arrondissement parisien). Elle peignait des scènes sur tous les morceaux de papiers et de cartons qu’elle trouvait, des frises sur tout et m’importe quoi (les murs, les cadres de tableaux, les encadrements des fenêtres, le carrelage de sa salle de bain, ses miroirs…) ; elle mettait des tissus partout (entre autres des foulards sur ses lampes, les dossiers de fauteuils, son pied de lit…), se fabriquait des foultitides de coussins en tissus, au crochet, en tricot. Elle habillait même les bouteilles d’eau ! Quoi qu’il en soit, pour des enfants, ces types de maison sont (dans mes souvenirs) de joyeuses et passionnantes cavernes d’ali baba.
Clémence
22 mai
Bonjour Sylvie,
Merci pour ce témoignage. J’adore le partage sur les souvenirs des lieux.
J’ai autre article en tête, cette fois sur le style que j’ai appelé ainsi : « Bohème couture », inspiré de cette période, des univers de Yves Saint Laurent et comparsses.
Je trouve cela intéressant, parce que ce style oblige à s’inventer, à explorer, plutôt qu’à consommer.
Encore une affaire à suivre !
Belle journée,
Clémence
GAUTIER
19 mai
Bonjour Clémence, MERCI pour cet article je suis fan il ramène de la gaieté , du dessin à travers les motifs les illustrations etc …en fait l’œil peut se poser un peu partout et partir à rêver et imaginer ds chaque recoin des intérieurs , la nature rentre à défaut de soleil là bas peut-être 😉 , enfin cela redonne la part belle aux couleurs, aux artistes , ainsi qu’aux créateurs à travers tous ces objets faits en plus petite série
On ose décorer comme on aime ,
Hélène
Clémence
22 mai
Bonjour Hélène,
Merci. Ce sujet fait partie de mes sujets « casse gueule », dans le sens où je sors complètement des sentiers battus. Mon mari me dit : « What ? Tu parles de quoi encore ? »
Mais je suis vraiment contente d’avoir eu autant de retours positifs, c’est vraiment encourageant de sortir des sentiers battus.
Belle journée,
Clémence
Natalia
19 mai
J’adore ce style ! J’ai toujours un petit faible pour les looks anglais 🙂
Clémence
22 mai
Bonjour Natalia,
…et sur mon site, j’en parle souvent, du style anglais. J’ai baigné dans ces ambiances toute mon enfance, à cause de ma mère… et je n’ai pas toujours aimé. Cependant, j’y reviens, à cause du souvenir de ma mère.
Belle journée,
Clémence
Jeanne
18 mai
Quelle maîtrise dans ce pêle-mêle décontracté !
Clémence
22 mai
Bonjour Jeanne,
C’était un plaisir de mettre en forme cet article. Et vo retours positifs me rendent « contente ».
Merci.
Clémence
Sally
17 mai
J’ai apprécié cela. Je suis toujours intrigué par le style Bloomsbury
Clémence
22 mai
Bonjour Sally,
Merci, merci.
C’est un sujet « casse gueule ». Cela donne à voir et explore sur un sujet pas vraiment tendance, même si je dis que c’est dans l’air du temps. Peut-être que c’est dans l’air du temps, parce que cela n’est pas tendance.
Belle journée,
Clémence
Lodie
17 mai
Bonjour Clémence,
C’est toujours un moment subtile que de recevoir votre mail ‘turbulences déco’ !
Un moment privé et privilégié ou nous sommes devant des décors, aussi judicieux les uns que les autres !!!
Pas toujours adapté à notre gout mais tellement pétillant !!!
Chaque fois, je reste baba par l’audace des habitants et par leur imaginaire …
**Je ne suis pas du tout fan du rideau jupon !
Mais néanmoins, votre article nous le montre joyeux, fleuri, rayé, coloré !!!
Ça ne me fera pas changer mon avis quant à l’installer chez moi,
Mais c’est un vrai plaisir de découvrir votre reportage !!!
En visitant les intérieurs anglais proposés, je reste toujours stupéfaite :
Par le bon bout tranquille de leurs arrangements décoratifs
Et de ces meubles qui ont beaucoup de choses à dire.
Merci beaucoup !!!
Lodie
P.S ; proposerez-vous des reportages sur les « murs bibliothèques » ?
À vous lire,
Lodie