Pourquoi un article sur le style kitsch en déco ? Et bien, parce que le kitsch, j’aime bien. Cet univers très étendu est le règne du mauvais goût, et que le mauvais goût dans une déco, ce n’est pas si mal. C’est même la vie, un remède la morosité ambiante et ce n’est pas moi qui le dis. « Ne pas se risquer à une faute de goût affirmée, c’est n’afficher aucun style« , dixit Indhia Mahdavi dans son livre Home. Je rajouterai : « à condition de bien doser la chose ! ». Cet article portera donc, sur la nécessité d’insuffler des fautes de goût chez soi et posera cette question existentielle : Quelle est votre bonne dose de kitsch en déco ?
Le kitsch est un concept qui apparaît, on ne sait pas trop d’où et comment, au milieu du XIXe siècle avec la diffusion des objets manufacturés. On l’associe à l’idée de l’inauthentique, de la surcharge et du mauvais goût ou à un décor surchargé d’objets populaires, décalés, démodés, trop cheap, trop kawaii, trop.
Mais n’oubliez jamais que ce qui est kitsch pour certains, ne l’est pas pour d’autres. Et ce que l’on ne trouvait pas kitsch à une époque, peut être perçu comme tel aujourd’hui.
Autres inspirations
⌈ Image en une : l’intérieur de Marianne Cotterill – Photo : Paul Massey ⌋
Dans un inventaire à la Prévert…
Les bibelots de canards, de lapins…, les bibelots en porcelaine, les bondieuseries, les collections de bibelots en général, les collections de fèves, de porte-clés, les collections d’objets sans grande valeur (qui peuvent avoir de la valeur), les boules à neige, les coucous suisses, les tours Eiffel, les souvenirs de vacances, les vieilles publicités, les vieilles affiches, les néons des enseignes, le bling, le plaqué or (tout ce qui est toc), le doré, les paillettes, les boules à facettes, tout ce qui brille, qui clignotent, les motifs grossiers, les motifs folkloriques, les associations de motifs disharmonieuses, le satin synthétique, le fluo, trop de rose, trop de marron, les tableaux au canevas, le point de croix, les napperons au crochet, les dentelles de mamies, Mickaël Jackson, Hello Kitty (tout ce qui est kawaii), Dark Vador, Mickey et les 7 nains, les nains de jardins, les vieux jouets, et même certains récents, les trophées de chasse, les trophées de chasse avec guirlande (un must), les porcelaines de Vallauris…
La liste est longue, mais ne vous voilez pas la face, nous avons tous quelque chose de kitsch.
Tout est question de dosage comme cette cuisine de la styliste d’intérieur anglaise Marianne Cotterill où trône fièrement ce tableau kitsch d’une mariée des années 60, deux trois bibelots d’un goût douteux.
L’intérieur des artistes Pierre et Gilles à Paris – Côté Maison – Photo : Guillaume de Laubier
Le style kitsch à haute dose
Les décors kitsch à haute dose, cela peut vraiment piquer les yeux. Ces intérieurs ont des looks de brocantes scintillants, où s’accumulent des objets en tout genre. Il y a un côté régressif dans cette démarche, et il y a surtout une certaine nostalgie pour le passé et ses objets qui ont peuplé notre enfance.
Ce parti pris ne convient qu’à quelques passionnés. Cela correspond la plupart du temps à des univers d’artistes comme l’intérieur de Pierre et Gilles, dont le travail est on ne peut plus et génialement kitsch. Donc, certains adorent cultiver ce champ d’exploration, en cumulant tout ce que la société a pu produire de meilleur et surtout de pire.
|Je trouve cela extrêmement drôle, un peu subversif, mais je ne le conseille pas forcément. C’est le contre-exemple de mon article !
Design intérieur : Benedict Folley – Maison sur commercial road en vente sur inigo.com
La force du mauvais goût
Avouez que la notion de kitsch dépasse la simple mise en scène de « kitscheries ». Dans l’exploration du style kitsch, entre en jeu la notion de mauvais goût.
J’ai écrit un article sur la déco moche qui interrogeait le goût. Nous savons que le goût est propre à chacun et tient beaucoup de l’environnement dans lequel nous avons grandi, et à notre éducation. Le goût, en effet, se cultive et s’apprend, se forme et se déforme.
|Le kitsch peut donc être une vision, un style qui se joue des conventions du bon et du mauvais goût, en associant des choses qui ne vont pas forcément ensemble.
L’intérieur de Tomas Skoging à Stockholm – Photo : Idha Lindhag et stylisme : Caroline Axell // L’intérieur de Sara Källberg – Photo : Patrick Johanson via elle.se
Les influences du mouvement Pop Art sur la déco
Le Pop Art est apparu dans les années 1950 et 1960. Les artistes de ce mouvement artistique se sont emparés des motifs et des figures, issues de la culture de masse, pour les élever au niveau de l’art, et ce, avec beaucoup d’humour et d’ironie.
En retour, cette forme expressive a été reprise par les publicistes, les graphistes et les décorateurs, parce que le Pop Art cultive un langage gai et attrayant, fun !
| Quelque part, le Pop Art a utilisé l’univers du kitsch comme terreau d’expression ; et l’esthétique kitsch l’a repris à son compte comme source d’inspiration.
Cela se traduit par des mises en scène d’œuvre d’art Pop Art ou d’inspiration Pop Art, d’objets design, retravaillés dans une expression kitsch (je pense au nain de jardin de Philippe Starck), de mobilier vintage qui se télescope, le tout dans une palette de couleurs Pop .
L’art de mettre en scène des cadres chez Paula Rivolta à São Paulo – Photo : Rafael Renzo via casadevalentina.com
L’art de la mise en scène
Les collectionneurs de « kitscheries » sont nés avec les brocantes. Mettre en scène des objets chinés est absolument amusant, pour ne pas dire jubilatoire. Cela va complètement à contre-courant de la tendance minimaliste morncore qui a vu le jour il y a une dizaine d’années et qui a largement influencé le monde de la mode et de la décoration.
| En réaction, donc à ce mouvement absolument ennuyeux, nos intérieurs deviennent des galeries, où s’accumulent et mettent en scène des collections d’objets.
L’idée n’est pas forcément d’encombrer l’espace, mais d’introduire de la diversité, de la personnalité. Mieux vaut y aller avec parcimonie en créant un mur de cadres, en posant un papier peint aux motifs rétros, en introduisant quelques bibelots dans une bibliothèque.
L’intérieur de Bea Deza à Madrid – Photo : Montse Garriga via elle.es
Le kitsch stylé
Je pourrais appeler aussi, cela « le kitsch conventionnel ». Il s’agit d’utiliser le kitsch à bon escient. L’idée est qu’un intérieur trop parfait peut être parfaitement ennuyeux ou digne d’un showroom. Mettre en scène quelques objets, familiers que l’on aime, dont on ne sait s’ils sont beaux ou moches est une façon de personnaliser son décor.
| Le kitsch n’est pas chic. En cela, il est intéressant, et les décorateurs s’en emparent pour créer des contrastes dans leur décor. Vous savez, j’appelle cela, la note de piment décorative.
Le style kitsch en déco assume son goût pour l’excentricité. Il peut être introduit avec parcimonie à travers des œuvres ou des objets design d’inspiration Kitsch ou être adopté en total look comme les propositions des créateurs de House of Hackney. Le kitsch s’institutionnalise, se codifie.
ight +Market, Venise, Californie – Photo : Laure Joliet
L’amour des couleurs populaires
Je ne pouvais parler du style kitsch, sans parler de la couleur, parce que le kitsch convoque les couleurs vibrantes de manière immodérée et impulsive. L’esthétique kitsch est populaire, elle s’adresse au masse, elle doit attirer l’œil, séduire immédiatement.
Dans certains pays, je pense à l’Inde, au Mexique, aux pays d’Amérique latine, les couleurs sont la vie. Elles sont partout. En Europe, les couleurs sont devenues anecdotiques, ou alors, elles sont utilisées avec beaucoup de méfiance.
|Le style kitsch assume les couleurs flashy, les associations de couleurs improbables, l’utilisation des couleurs fluo.
‘intérieur de Joséphine Douet à Madrid – Photo : Joséphine Douet via revistaad.es
L’héritage de mamie
Par définition, le style kitsch s’amuse du passé. Il en extrait la substance rétro pour créer un décor décalé, un brin nostalgique. C’est pourquoi une grande part du kitsch s’inspire des intérieurs de papi/mamie des années 70, et désormais des années 80/90. Cette forme esthétique, un peu maladroite, souvent ringarde, est repris par la jeune génération, parce qu’elle a quelque chose de réconfortant.
su_dropcap style= »simple » size= »5″]|[/su_dropcap] Il s’agit de jouer avec les codes, pas reproduire l’intérieur de mamie. Je vous avais parlé du style grandmillennial, une facette de ce mouvement esthétique.
L’intérieur absolument vintage coloré de Jonathan Lo de Happy Mundane en Californie via oldbrandnew.com
Le kitsch second degré
Partons au pays du bling ! Je me tourne vers certains décorateurs américains qui assument le côté bling de la chose. Je pense très fortement au New-Yorkais Jonathan Adler qui mêle influence baroque et pop pour insuffler de la joie dans les intérieurs. Il a même écrit un livre My Prescription for Anti-Depressive Living, que j’ai acheté. Je l’ai acheté, parce que, si son approche est loin de nos conventionnels intérieurs européens, il fait réfléchir sur la perception du luxe et du bon goût.
| Le kitsch invite à se décoincer. C’est un concept anti déprime.
Il n’y a pas de mal à aimer le kitsch. Le kitsch, c’est vous, c’est moi. Chacun cultive quelque par son jardin kitsch, sa nostalgie, son goût pour des trucs, dont on ne sait si c’est beau ou moche.
Perso, j’adore le kitsch. Je trouve qu’un peu de kitsch n’ont jamais tué une déco, au contraire. Ce léger décalage de « mauvais goût » peut rendre un intérieur intéressant. Je le répète tout est question de dosage.
Et vous, vous en pensez quoi du Kitsch ? Quel est votre objet kitsch culte, qui trône fièrement chez vous ?
TÊTE DE LIT DESIGN ET ORIGINALE EN TISSU, SOYEZ CRÉATIF ! - Design Passion
10 janvier
[…] LE KITSCH EN DÉCO, REMÈDE LA MOROSITÉ ! […]
aurelia-m
8 mai
Des intérieurs dans lesquels on ne s’ennuie pas!! Je n’aurai jamais pensé au tapis de voiture comme tapis de salle à manger! Trop drôle
clémence P-M
8 mai
J’ai pensé la même chose en voyant le tapis, mais de là à recycler le tapis de mon fils… il y a de l’eau qui va passer sous les ponts. Demain, je poste deux intérieurs hauts en couleur !